Déchets d'excavation

Pour loger, il faut construire, et pour construire il faut creuser. Pas moins de 54 millions de tonnes sont ainsi extraites chaque année pour nos constructions. Etat des lieux à Genève, sur la base d'un article du Temps.

A l'origine du problème

Pour loger, il faut construire, pour construire il faut creuser! L'excavation semble ainsi inéluctable, et les solutions pour évacuer le volume de terre produit (3.1M de tonnes pour le canton en 2020) très réduites:

  • la mise en décharge
  • les carrières
  • le recyclage
  • l'exportation

Le manque de place dans le canton, combiné aux oppositions locales face aux nuisances engendrées par les décharges et les carrières, et l'absence de filière solide de recyclage des terres font que plus de la moitié du volume est aujourd'hui exporté vers la France.

Ressources et déchets de construction

Valeurs OFS 2018

  • 62Millions de tonnes matériaux consommés par la construction
  • 71.7Millions de tonnes déchets produits par la construction
  • 54Millions de tonnes déchets d'excavations

Autre élément aggravant, la distorsion régionale entre régions frontalières: la différence du prix du transport favorise économiquement l'option de l'export. Avec à la clé plusieurs effets rebonds:

  • pour optimiser leur trajet, les camions reviennent chargés en graviers pour le béton (ainsi subventionné par les excavations), au détriment des filières locales
  • les carrières frontalières privilégient les matériaux suisses, ce qui contraint les chantiers locaux à transporter plus loin leurs terres, multipliant l'impact "transport"

Article du journal Le Temps, 27.01.2024
La France, poubelle des innombrables chantiers genevois

Petit exercice chiffré

Un petit chantier, donné en exemple dans l'article, engendre un déplacement de 5800 tonnes, soit 232 trajets de camions pleins (25t).

L'outil Mobitool nous donne dans ces conditions une émission de 60g.CO2e/tkm pour le déplacement, soit une pollution de presque 0.2t par trajet aller.
Donc pour 5800 tonnes sur 130km, on a la bagatelle de 45t de CO2 émises!

A l'échelle du canton, pour 2020, un tel déplacement aurait représenté presque 25'000t de CO2!
Sans compter l'effet rebond, qui sous entend que les déchets locaux français pourraient avoir la même distance à parcourir du fait de la compétition pour les carrières françaises, pouvant ainsi théoriquement doubler l'impact de CO2e

paramétrevaleurunité
quantité de terre5800t
distance aller130km
charge utile25t
émissions60g.CO2e/tkm

Pour ce chantier:

  • 232trajets effectués en camion
  • 30160km distance parcourue en camion
  • 45.2t.CO2e émissions du transport aller

Des solutions?

Sobriété

Sans surprise, le premier levier est celui de questionner le besoin:

➝ existe-t-il une réserve foncière sur des bâtiments existants? Est-il possible de réhabiliter ou changer d'affectation des bâtiments désuets ou inadaptés?
➝ le programme du projet est-il pertinent dans son ensemble? Existe-t-il des solutions de mutualisation (en particulier pour les volumes souterrains tels que parking et techniques)?

Efficacité

A besoin équivalent, une plus grande efficacité permet de minimiser l'empreinte:

➝ l'emprise souterraine est-elle compacte et en correspondance avec la superstructure?
➝ existe-t-il des solutions pour optimiser les fondations?

A travers ces deux leviers, on profite de multiples cobénéfices:

  • des coûts d'exécutions réduits
  • des risques limités
  • une plus grande rapidité d'exécution
  • une pollution moindre

Ressources durables

Enfin, en dernier ressort, la valorisation et le recyclage des terres méritent d'être étudiées en amont du projet. Cela vise à :

➝ trier les matériaux pour récupérer des matières premières pour d'autres processus (sable et graviers notamment, terre crue)
➝ trouver des solutions de réemploi dans le projet ou dans les chantiers locaux1

1 voir le guide proposé par l'OCEV pour la réutilisation des matériaux d'excavation:
https://www.ge.ch/document/9616/telecharger